lutte contre l’alcool
































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Message  jacot rintintin 20/12/2016, 21:42

j'ai du ouvrir un nouveau compte ne me souvenant ni de mon adresse ni de mon mdp. Embarassed

Désolé de répondre si tard mais j’ai été bien occupé par mon départ à la retraite.
.
Ce témoignage est le mien et ne prêtant pas donner de leçons ni s’ériger en modèle.

« Dans mon monde alcoolique je sais maintenant que tout va tout vient si vite, que je me gave à l’envie dans ces périodes apaisées, je profite des escales et de ces fruits délicieux, je respire à plein poumons les embruns du large et admire chaque grain de sable comme s’il était une étoile car gronde toujours dans un coin de ma tête, pas si loin, la fureur des tempêtes. »
Je voudrai dans une idée de partage raconter un bout de mon chemin, qui, mis à part les dates, reste très présent dans ma mémoire. Puis je crois qu’il est bon pour moi de revenir sur le chemin parcouru, de me rappeler d’où je viens et ce que j’ai été, de rester humble face à un produit qui s’est toujours montrer bien plus fort que moi. Ces vestiges me servent de boussole, ils sont comme des alizés qui tendent un peu mes voiles et me poussent à maintenir le cap.
Mais par où commencer ?
Peut-être que le titre de mon fil sera le début de mon histoire, en espérant qu’il constitue la toile dans laquelle se prendront les idées qui bourdonnent à mes oreilles.
Huit ans plus tard
Nous sommes en 2008, depuis plus de 24h, je suis en ligne à cliquer sur les cartes de mes parties de omaha hi lo, une variante du poker classique. J’ai gagné et perdu des millions de jetons, bu un nombre incalculable de bières et fini je ne sais combien de litres de rosé.
Ma compagne de l’époque qui n’a plus de nouvelles, débarque chez moi, s’assoit sur le fauteuil, se prend la tête dans les mains et sans me regarder dit d’une voix basse :
- mais tu es alcoolique !!!
Je crois que ces mots ont claqué pour moi comme une fenêtre sous un courant d’air, comme une bourrasque qui a changé ma perception de ce que j’étais. Non, je ne suis plus un bringueur, voilà la révélation de ce que je suis : un alcoolique.
Je pense maintenant que ces quelques mots ont été à l’origine de mon parcours et de ma lutte. Le combat que j’ai mené, passe alors par la reconnaissance de ce que je suis et ne se peut se perpétuer actuellement que par la mémoire de ce que j’ai été.
S’ensuit une période où je me débats, où je ne bois que chez moi, où j’essaie de baisser les doses, où je me raisonne, où je résiste, où je cède, où je me félicite, où je me traite de tous les noms. C’est que je ne veux pas perdre l’amour de ma vie qui a remis en route chez moi le désir et l’envie.
Mais comment gagner, quand on ne connait pas son ennemi, quand on ne possède pas les règles du jeu et quand on n’est par ailleurs pas vraiment sûr qu’il en soit un !
Finalement, à un moment où il y a un petit mieux pour moi, quinze jours sans alcool, un clash se produit qui amène notre séparation et ma descente aux enfers.

Terrassé par une souffrance indicible, un trou dans la poitrine, une douleur insoutenable, je me mets à boire comme pour combler cette béance, abouché à la bouteille, elle se vide et j’ai à peine le sentiment de me remplir. Pour faire bonne mesure et amoindrir le calvaire que je vis, je rajoute des benzo jusqu’à la rupture et l’arrivée des pompiers qui me conduisent aux urgences où je me réveille les deux poignets attachés aux barreaux du lit.
Je me fais alors hospitaliser en centre d’alcoologie où je reste trois semaines à tourner en rond, dans un nuage d’ouate, peinant à monter les escaliers tant le traitement est lourd.
Je replonge dès ma sortie, retente dans la foulée 2 sevrages puis encore une cure au même endroit sans grand résultat.
Nous sommes, je pense en 2009. Mes alcoolisations se sont « stabilisées ». J’ai imprimé un calendrier sur lequel j’inscris une croix pour les jours sans et un rond pour les jours avec et je m’aperçois que ceux-ci s’égalisent au bout d’un moment. Ils représentent pour moi de petites batailles, des échauffourées, de petites victoires et de grandes défaites, le graphique, la carte d’état-major d’une guerre sans nom avec ses reculs et ses avancées, le terrain perdu et le terrain gagné.
En octobre de cette année, je me lance dans des recherches sur internet pour en savoir plus sur cette addiction, pour trouver des témoignages, pour peut-être ne plus me sentir si seul dans cet affrontement.
C’est qu’il n’est pas si facile de reconnaître que j’ai besoin d’aide ni de l’accepter, je me suis toujours débrouillé seul et suis quelqu’un d’entier, en bref une tête de mule pour le dire gentiment !
Un événement, une découverte, vont alors tout changer pour moi. Je tombe sur le site d’Onsaide et après bien des hésitations, je m’inscris et rédige ma présentation.
Je suis encore bien souvent alcoolisé et crie, au long de mon fil et de mes posts, ma peine et ma souffrance.
L’accueil est toujours, soutenant, chaleureux, mesuré, rassurant et surtout enseignant. Je commence à mieux connaître l’alcool, mon adversaire, ses ruses, sa rouerie, son fonctionnement et le mien face à lui.
Je décide avec le support et les encouragements de tout un chacun de partir en cure au Calme de Cabris en février 2010. Celui-ci constitue vraiment un établissement particulier avec une culture solidaire et humaniste, une hypothèse de soins qui repose sur un triptyque : psychologie, connaissance pointue de la maladie alcoolique, un certain art de vivre, une sorte de relaxation qu’ils appellent la « soma », avec la notion d’alcool zéro et encore plus loin : c’est qu’il n’y a pas besoin d’en rajouter pour bien vivre.
Tout cela, est resté pour moi après bien des années et le chemin parcouru. C’est devenu une habitude de vie, mon credo et même en période d’alcoolisation, sans y faire attention, je vérifie que mes produits ne contiennent pas d’alcool.
A ma sortie je vais tenir 3 mois.
Puis je reprends mes calendriers, mes croix et mes ronds. Quelque peu averti, au courant des outils nécessaires, des traitements appropriés, je m’enferme dans ma bulle, je ne fais plus de cadeaux à personne, je me mets au centre de ce que je veux entreprendre, plus rien ne compte que le but à atteindre et je parviens ainsi à réaliser des sevrages à domicile. J’en ai fait un nombre incalculable, tenant une quinzaine, un mois puis recommençant encore.
Je décide au bout du compte de refaire une deuxième cure au Calme. On a droit à 2 en tout.
Cette fois-ci, l’échec est dur à avaler puisque je replonge le soir même. S’en suit une période de ré- alcoolisation qui je pense va me mener jusqu’en fin 2012. Après m’être bien alcoolisé tout seul pour le réveillon du jour de l’an, je me lève le matin le corps à bout de tous mes excès, les yeux injectés de sang, la bouche pâteuse, les lèvres fendues. Je me suis rasé la tête et peine à me reconnaitre.
Ce reflet a un peu le même effet que les mots d’alcoolique prononcés à mon égard pour la première fois, ils valent révélation de ce que je suis devenu et constitueront un déclic.
Je fais un nouveau sevrage, je prends contact avec le CSAPA et entame un suivi régulier avec une infirmière et un alcoologue. Je reprends une psychanalyse (j’ai déjà réalisé un bon parcours sur le divan) en demandant bien à cet analyste s’il peut vraiment quelque chose pour moi.
Je vais alors tenir 9 mois et retrouver des sensations perdues.
La joie de se lever le matin, la légèreté de vivre, l’humour, le partage. Tout s’éclaire et tout devient plus simple. Je me sens à nouveau père et homme.
Puis, je ne sais pas pourquoi, je rechute. Toutes mes rechutes ont toujours été brutales. Pas question pour moi de picorer, un verre par ci par là, de se ré- essayer à une coupe de champagne un soir de fête et de reprendre peu à peu. Ce qu’il me faut dans ces moments-là c’est ma dose et le poker.
Ce que je recherche est une sorte de jouissance féroce et débridée, de disparaitre et de laisser la place à une part de moi inconnue, incontrôlée et primitive, la sensation archaïque de ce corps gonflé, dopé, de ce produit qui circule jusque dans les méandres de mon cerveau.
Jusqu’à ce que je ne m’appartienne plus… et que je comprenne que l’alcool me vole ma vie, qu’il m’enlève aux autres, qu’il me prend tout, que l’alcool me tue.
Je perçois maintenant la lutte engagée toutes ces années comme une balance, une empoignade pour prélever dans un plateau les diamants noirs d’une jouissance mortifère et poser dans l’autre les pierres précieuses de la vie. C’est une balance qui méconnait l’équilibre et ne se pose que quand l’un des plateaux est à terre. Une infirmière du Calme m’a confié un jour que l’alcoolique abstinent était condamné à être heureux. Je crois qu’elle voulait me dire, qu’il allait me falloir cultiver un certain art de vivre et surtout ne pas oublier de voir et de ramasser en chemin les petits cailloux que l’envie transforment en gemmes.
Je suis reparti en cure encore une fois, dans l’Aude je crois. Dans un établissement qui ressemble assez au calme, puis au Shale de la Rochelle. Les calmes de Cabris et de Poitiers, et le Shale de la Rochelle sont des établissements avec une âme et un personnel très désirant et respectueux. Je les recommande chaudement. Je referais encore un sevrage en clinique et en reviendrais avec une valise pleine de médoc.
Avec l’aide d’un nouvel alcoologue du CSAPA très impliqué, ma psychanalyse avançant, les envies d’alcool se sont peu à éloigner. Il ne me restait plus que des impulsions qui me jetaient encore, de loin en loin, dans les rayons bien fournis des supermarchés.
Puis une prescription d’espéral a mis un terme à ce parcours chaotique, m’offrant une paix et une stabilité inespérée.
Je suis depuis quelques jours à la retraite, libre et heureux. Je la passe en bord de mer, près d’un frère que j’ai redécouvert très récemment. J’ai des projets plein la tête, et tous les jours l’envie que le jour se lève pour commencer une nouvelle journée.
Il y a bien sûr des hauts des bas mais je ne m’en fais plus pour ça.
Je me sens comme un homme neuf, que cette expérience a forgé. Je ne regrette rien car qui serais-je sans être passé par ce creuset de la souffrance et la douleur, sans ce que tout cela m’a enseigné.
Je suis fier de mon parcours, je n’ai jamais rien lâché. Je suis fier du combat que j’ai mené et d’avoir fait ce qu’il fallait. Je sais encore que je suis toujours alcoolique, que j’ai juste remis la goupille à la grenade que l’alcool a fabriquée dans mon cerveau. C’est pour moi une garantie de ne pas l’oublier.
Juste un dernier mot, j’ai renoué avec mes pairs et suis à nouveau en lien. Lors de mon pot de départ à la retraite, tous ces gens extraordinaires ont fait une fête formidable dont j’étais le centre. Je me suis aperçu combien je comptais pour eux et combien il m’estimait.
Croyez-le si vous voulez mais ce soir-là ils m’ont rendu beau.


jacot rintintin
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Masculin 20/12/2016

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Message  jacot rintintin 20/12/2016, 21:44

Coucou à tous. Très heureux de me trouver ici ce soir avec vous. wouhou
J'ai plein de pages à parcourir. coeurs

jacot rintintin
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Masculin 20/12/2016

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Message  mamou 20/12/2016, 22:00

Comme c'est bon et beau de te lire  petits coeurs
Merci de nous dire ton parcours; merci de donner l'espoir; merci de crier qu'il ne faut rien lâcher  coeurs coeurs
mamou
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Féminin 25/03/2013

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Message  chouchou 20/12/2016, 22:00

Heureuse de te lire coeurs
Je relirai ton témoignage à tête reposée, il est très riche smiles
chouchou
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Féminin 22/08/2012

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Message  cristal 20/12/2016, 22:50

j'attendais avec tellement d'impatience de te lire et ça valait le coup d'attendre content 
je suis vraiment heureuse de te savoir libre et enfin heureux,tu le mérites tellement et ce combat a été tellement dur et douloureux mais tu as tenu bon,tu es très fort ma petite mule et OUI,tu peux être très fier de toi bravo 
Bienvenue chez toi mon jacot et bienvenue dans ta nouvelle vie coeurs coeurs
cristal
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Féminin 01/01/2009

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Message  SHALE 20/12/2016, 22:55

C'est l'esprit de Noël qui nous apporte la joie de te lire  à nouveau!! Very Happy 
Je relierai moi aussi ton long texte à tête reposée, mais tu as fait un parcours difficile mais positif, comme tu le dis , tu n'as jamais rien lâché... Et ça c'est l'arme ultime pour le malade alcoolique, s'il ne l'utilise pas, il aura toujours du mal à s'en sortir. Tu as su l'utiliser plusieurs fois avec succès et le succès attirant la succès, peu à peu tu as repris les rennes de ta vie.
Merci pour ce texte, il me fait un plaisir immense.....
gros, gros bisous l'ami!!! coeurs coeurs coeurs coeurs
SHALE
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Admin

Féminin 01/01/2009

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Message  Pascal 21/12/2016, 16:06

Salut
tu es fier de ton combat ?
mais c'est simple, tu as mené un combat permaneant et tu as raison d'en être fier
perso je tente de sortie de rechute, la retraite est dans 2 ans (merci sarko)
mais super ton post
bonne retraite
Pascal
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Masculin 08/10/2012

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Message  Birgitt 30/12/2016, 09:39

Ravie de te lire en cette fin d'année et de te savoir en paix.
Bonne route à toi.... sereine et heureuse.
Bises coeurs
Birgitt
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Féminin 03/08/2012

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Message  Paco 30/12/2016, 11:55

Jacot,

Pour moi qui reprend une fois de plus le chemin, de te lire me fait du bien.
Sans doute qu'avec le travail psy que tu as fait, tu arrives à exprimer clairement des situations, sentiments qui sont bien plus diffus pour moi, dans lesquelles je me retrouve souvent.

Merci d'avoir pris le temps d'écrire, c'est précieux pour beaucoup sans doute, pour moi.

Je navigue dans la même tranche d'âge que toi, autour de moi bien des relations quittent le monde du travail et je me prépare doucement à l'envisager.

Je retiendrai cette phrase de ton texte: pour l'abstinent, pas d'alternative, le bonheur.
Je vois aussi le lien aux autres retrouvé.

Passe une belle journée,
Paco

Paco
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Masculin 01/01/2009

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