Ma vie s'effondre ....

Paco a écrit:A l'occasion, tu nous diras comment ton épouse à vécu ton alcoolisme. Qu'elle rôle "jouait-elle" dans cette pièce.
C'est l'alcool qui a détérioré vos rapport, ou tu as commencé à boire beaucoup car tu ressentais de la distance?

En tout cas, profite bien des moment que tu passes avec tes enfants.

Bonne nuit
Paco

Bonjour à tous, 

Pour la première partie c'est difficile à dire, et ça ne peut-être que la compréhension liée au recul, au choc, et à l'abstinence de ces derniers mois, car alcoolisé, je n'en avais pas conscience. Je dirai que globalement, elle l'a très mal vécu. C'était une contrainte très forte pour elle, ça l'empêchait indirectement de vivre car elle était toujours inquiète de mon état: est-ce que si devais garder les enfants pour une sortie entre copine, il n'y avait pas risques ? Est-ce que j'allais me blesser ? blesser quelqu'un ? Je pense qu'elle vivait dans l'angoisse et l'inquiétude permanente. Angoissée pour moi, angoissée pour mes enfants. Elle a aussi vécu une grande fatigue et épuisement, liés aux espoirs que je réagisse et m'en sorte et accablement. Fatigue aussi de devoir tout géré seule, principalement sur l'organisation de la vie de famille, les vacances, les activités des enfants. Je m'occupais bien de la partie cuisine/repas/course, participait un peu au ménage, un peu de bricolage, mais pas du tout de cette partie là, ce qu'elle appelle "la charge mentale", de devoir toujours et en permanence planifier, vérifier, penser à l'organisation de la maison. De mon côté, je n'en avais pas l'énergie, et l'alcool me faisait oublier tout ce qu'on se racontait (ce qui rend difficile l'organisation ....).
Je n'ai jamais considéré qu'elle jouait un rôle d'obstacle entre moi et la bouteille, une empêcheuse de boire en rond. Je crois que je savais qu'elle avait raison, que je devais faire quelque chose, que ce n'était pas "pas grave" de boire tous les jours, mais je n'avais pas conscience de l'impact réel sur mon entourage, je voyais, mais ne regardais pas.
Elle a essayé beaucoup de choses afin de me faire prendre conscience, la tendresse, le soutien, la compréhension, les menaces, les propositions d'aide, je le voyais bien, mais je n'y arrivais pas, ce qui m'a certainement conduit à émettre des idées noires l'année dernière (et à ma première cure).
Je comprends maintenant qu'elle m'aimait d'une force incroyable et s'est épuisée  ... elle aurait pu me quitter plus tôt, ou chercher ailleurs du réconfort, mais elle ne l'a jamais fait et je suis persuadé qu'encore aujourd'hui, il reste une forme d'inquiétude pour moi, qu'elle tient à moi.
Finalement, assez classique des accompagnants des MA
Avec le recul on se dit qu'elle n'a certainement pas trouvé l'aide et le soutien dont elle avait besoin: elle m'a notamment dit qu'après la première cure, personne ne lui avait expliqué réellement la maladie, les risques de rechutes, l'attitude à avoir pour aider au mieux le malade et se protéger. C'est comme ça, les victimes indirectes sont peu accompagnées par le système ..

En ce qui concerne la consommation d'alcool, je pense que c'est lié à une dépression rampante, et des événements tels que la naissance de mon fils (le rôle de mère ne s'apprend pas à l'école, elle exprimait régulièrement son manque d'intérêt pour les bébés, choses assez taboues dans notre culture où on se doit de s'émerveiller devant chaque gazouilli). Je l'ai peut être interprété comme un rejet de son envie d'enfant, et plutôt que de lui en parler, la voyant pas épanouie, j'ai préféré inconsciemment gardé tout pour moi, et parler moins de mes propres problèmes ...
Je pense qu'il y a des manqués de chaque côté, entre sa franchise naturelle, sa tendance à la provocation et moi, par éducation dans la réserve.
On parle très de ses émotions, ses sentiments dans ma famille, c'est un tord. J'ai certainement trouvé dans l'alcool un moyen temporaire de briser ces barrières ..
Donc, pas lié à la distance ou le manque d'affection, plutôt un problème personnel et un manque de communication "vrai".

Voilà, la suite de l'histoire en section privée.

A plus tard

Tu dis une chose importante sur le non suivi des proches d'un malade alcoolique. En cure, c'est extrêmement rare qu'on tienne compte de l'entourage du MA, de plus, si on explique ce qu'est la maladie alcoolique aux malades et encore pas dans toutes les cures ou prise en charge, on ne l'explique jamais à l'entourage, c'est pourtant primordial pour comprendre le fonctionnement du malade alcoolique...Je pense que là, il y a un gros manque....

c'est impressionnant de voir à quel point tu analyses bien la situation,si ta femme pouvait te lire,elle serait estomaquée de voir à quel point tu as tout compris!! c'est souvent bien tard que l'on se rend compte de tout ce que subit le conjoint et quand on se sort de l'alcool,on est bien trop centré sur soi pour aider la personne qui nous a pourtant tellement aidée elle même
c'est injuste mais c'est la seule façon que l'on a ,nous MA, de s'en sortir,laisser un peu pour compte la seule personne qui ne nous a pas rejetée
Tu auras l'occasion de lui dire tout cela mais pour le moment,tu doit vraiment t'occuper de toi et elle doit se trouver loin de toi pour se reconstruire,ça,tu l'as bien compris,peut etre même mieux qu'elle.
Tu fais tout comme il faut Le chat,ça ne doit pas être facile mais c'est vraiment la route à prendre pour retrouver une vie qui te corresponde 

Je suis admirative face à ton empathie vis à vis de ton épouse. J'ai l'impression de lire mon histoire de couple. Comme quoi il y a beaucoup de points communs quelque soit les circonstances. Oui l'entourage s'épuise. Oui il n'est pas soutenu. Oui il paie le prix fort d'une maladie qui n'est pas la sienne et il est laissé bien seul face à ses angoisses, ses espoirs. Oui cela le perturbe profondément et il recherche vainement une issue. Tu as tout juste. Oui elle t'a aimé très fort pour vivre tout cela. Je rêverais que mon mari abstinent lise tes propos qui me touchent profondément. Les blessures des proches sont profondes. En ce qui concerne le rôle joué par l'épouse dans cette "pièce" je pense déjà qu'elle ne jouait pas et ne souhaitait y avoir un role. Cela lui est tombé dessus. Après, chacun fait comme il peut face à cette détresse réciproque mais pas de même ordre. L'un est le chef d'orchestre et l'autre assiste, impuissant. Après on peut toujours reprocher à l'entourage de ne pas avoir été aidant et ce n'était pas son role. Ce sont deux mondes parallèles. 
En tout cas tu es bien parti pour te reconstruire et je te souhaite bon courage.

VMARGUERITE a écrit:Je suis admirative face à ton empathie vis à vis de ton épouse. J'ai l'impression de lire mon histoire de couple. Comme quoi il y a beaucoup de points communs quelque soit les circonstances. Oui l'entourage s'épuise. Oui il n'est pas soutenu. Oui il paie le prix fort d'une maladie qui n'est pas la sienne et il est laissé bien seul face à ses angoisses, ses espoirs. Oui cela le perturbe profondément et il recherche vainement une issue. Tu as tout juste. Oui elle t'a aimé très fort pour vivre tout cela. Je rêverais que mon mari abstinent lise tes propos qui me touchent profondément. Les blessures des proches sont profondes. En ce qui concerne le rôle joué par l'épouse dans cette "pièce" je pense déjà qu'elle ne jouait pas et ne souhaitait y avoir un role. Cela lui est tombé dessus. Après, chacun fait comme il peut face à cette détresse réciproque mais pas de même ordre. L'un est le chef d'orchestre et l'autre assiste, impuissant. Après on peut toujours reprocher à l'entourage de ne pas avoir été aidant et ce n'était pas son role. Ce sont deux mondes parallèles. 
En tout cas tu es bien parti pour te reconstruire et je te souhaite bon courage.

Hello, 

J'ai relu ton message plusieurs fois tellement il résonne en moi ....
Chacun de tes mots semble correspondre à ce que je ressens ou analyse .....
En fait, ce que je crois quelque part, c'est que dans cette histoire il n'y aura que des perdants .... moi et mon épouse .... l'alcool étant l'élément déclencheur .... c'est très frustrant mais c'est la vie.
En tout cas pour le moment, ayant accepté ce que je pouvais accepté en terme de responsabilité, je ne peux que changer ce que je peux changer ......

Allez, je me lance à faire un paris: j'ose, je ne mise pas tout dessus, mais je reste intimement persuadé que notre couple à de l'avenir ....
Il n'y a pas de méchants ou de gentils, juste deux personnes faites pour s'entendre avec le bon mode de communication ...


On verra dans quelques temps 

Bonjour LeChat

Je vous souhaite de trouver un chemin mais soit prudent à rester en pleine conscience et à te contenter de vivre l'instant présent.

A mon avis, si vous revenez ensemble ce ne sera qu'après avoir vécu séparés un certain temps, que vous vous reconstruisiez....Mais pourquoi pas, à suivre...

Je te le souhaite ton pari Le chat, tu travailles tellement fort pour l'avoir. Tu analyses bien toutes les situations et étapes que tu vis, tu fais preuve d'empathie. Mais surtout, tu es devenu abstinent. Et en plus, tu collabores en te prenant un appart et en assurant pour tes enfants. C'est exemplaire à mon avis.

Si j'étais à ta place, dans le même situation, j'ajouterais une condition à mon pari, elle serait la suivante : si la re-union de notre couple ne fonctionne pas, malgré mes efforts, je continues de tout faire pour demeurer abstinent. Je fais peut être erreur en exprimant cela, mais je pense qu'il pourrait y avoir risque.

Je te souhaite vraiment ce que tu veux, ce serait l'idéal pour toi, et si tu essaies si fort, c'est qu'en ton fort intérieur tu le crois possible ce projet.

ppp

Avec tant de sincérité, de lucidité, de prise de conscience et aussi et surtout des actes forts posés par toi, tout cela concourt à te construire une nouvelle vie. Cette vie est et sera ce que tu choisis de vivre. L'abstinence est un beau cadeau que tu te fais et ta femme y sera sensible, j'en suis sure. C'est le temps qui permet le retour de la confiance et l'apaisement. Le temps, la patience et ta détermination me semblent des points essentiels. Bonne chance dans cette nouvelle vie;

Bonsoir à tous, 

Fatigué de cette semaine marathon, mais le bilan de santé est bon, ce qui est satisfaisant !!
Gros coup de mou dans l'après-midi: on était tous les 2 dans le séjour, discutant des toilettes à choisir pour la maison d'à côté.
En fait, et ce que je disais à ma psy, c'est très fatiguant d'être à côté de quelqu'un et de s'interdire ou de contrôler ses gestes pour ne pas avoir de contact physique explicite. Elle était là, je la trouvais très belle et j'avais juste envie de poser ma main sur son épaule, rien de plus.

Je crois que c'est le plus dur, c'est l'absence de contact physique ....

Allez, une bonne nuit par dessus ...

Bonjour Lechat

Je comprends que ce soit compliqué. Pendant tes périodes alcool, tu étais aussi tendre?

Courage

Tu ne peux pas éviter de te retrouver dans des situations où tu es forcément très près d'elle, tout au moins assez pour avoir envie de la toucher. ? D'un autre côté si tu lui mets ta main sur l'épaule, ce n'est pas forcément un geste tendre, ce peut être vu comme un geste d'ami, c'est peut-être ce qu'elle attend, je ne sais pas...Est-ce c'est elle qui provoque ce genre de situation ?

Non elle ne les provoque pas vraiment et dans l’absolu il n’y a rien d’ambigu...
C’est juste moi qui suis tenté de passer ma ma autour de son coup ou autre.
Et pour moi, ça ne serait pas de l’amitié (sans parler le lui sauter dessus quand même )

Oui Chiffounette, j’ai toujours été tendre

Si pour toi ça ne pourrait pas passer pour un geste amical, il vaut mieux que tu évites ce genre de situations...

C’est pour ça que je me force à garder mes distances..... et c’est pour ça que ça me fatigue....

Oui, je comprends, ce ne doit pas être simple, tout au moins tant que vous cohabitez...Tu intègres quand ton appartement ?

il va falloir que tu limites un peu ces discussions trop proches c'est dur pour toi,c'est comme si on te mettait un verre de la boisson que tu préfères alors que tu es MA,c'est une tentation qui induit une frustration et une lutte,je comprends que cela soit épuisant   tu dors toujours sur le canapé?

Je ne sais pas trop, peut-être courant semaine: je garde les enfnats Juedi, ma femme étant en déplacement...
Il faut que je fasse des courses et prépare le trousseau. Après le reste ça peut se faire au fur et à mesure.
J’appréhende mais la machine est lancée. On doit encore annoncer mon déménagement aux enfants demain, mais on en a même pas discuté entre nous.
On verra demain

Oui je dors toujours sur le canapé
C’est vrai que j’aurai apprécié de retrouver le lit conjugal mais faut pas tro rêver

tu n'as pas trop d'appréhension pour faire les courses? où en es tu de tes envies,en as tu encore? ressens tu le manque? ou est ce que ce stade de craving est passé?

Tu laisses traîner la situation, à mon avis, il vaudrait mieux que tu sautes le pas le plus vite possible, ce serait plus facilement gérable et pour pouvoir reprendre des relations au moins amicales, voir amoureuses, cette rupture dans vos habitudes de vie me semble indispensable..

Oui la machine est lancee.

Vis l instant present meme si il est dur. C est une etape. Tu ne sais pas ce que sera demain. Reste toi meme .. avec l amour que tu portes a ta femme.

Je suis une inconditionnelle de l instant present. J ai tellement vecu de truc lie a l instant qui bouleverse tout le reste... Demain est un autre jour. Alors profite de l instant meme celui ou tu as envie d elle. Demain ou un autre jour ca aura son importance.  
Aujourd hui tu es en vie, et tu ressents, c est la l important

cristal a écrit:tu n'as pas trop d'appréhension pour faire les courses? où en es tu de tes envies,en as tu encore? ressens tu le manque? ou est ce que ce stade de craving est passé?

Non pas trop d'appréhension, j'ai commencé à préparer une liste, et il y a déjà de quoi faire, rien qu'avec les basiques, je pense que je serai d'avantage focaliser sur ne pas oublier trop de truc que d'acheter à boire (quoique, j'ai marqué sirop sur ma liste ...  )

SHALE a écrit:Tu laisses traîner la situation, à mon avis, il vaudrait mieux que tu sautes le pas le plus vite possible, ce serait plus facilement gérable et pour pouvoir reprendre des relations au moins amicales, voir amoureuses, cette rupture dans vos habitudes de vie me semble indispensable..

Le point, c'est qu'on a déjà des relations très amicales actuellement, par contre je ne serai pas contre la suite 
Je pense que tu as raison, ce changement dans nos habitudes peut-être très salvateur. 
Et puis, elle va se retrouver seule à la maison avec les enfants (même si je vais m'en occuper aussi, aller chercher ma fille à l'école, je vais aussi la garder le Mercredi dans notre maison, et participer à la dépose/récupération des activités), dans un contexte différent que pendant la période où j'étais à la clinique (la colère à ce moment est quand même un peu passée, on a revécu sous le même toit dans des conditions différentes de son souvenir)
Dans une semaine, on commence notre thérapie de couple, ça peut être aussi intéressant et voir ce qu'elle peut nous proposer comme façon d'interagir..