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Témoignage d'Yves Mouchet

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Message  SHALE 28/11/2012, 23:28

"J'ai bu ma honte !"

Message MOUCHET YVES Aujourd'hui à 15:44

Mes relations avec l’alcool ont commencé très jeune. Consommer de l’alcool était naturel et faisait partie de mon héritage socioculturel. J’ai tout logiquement pris ma première cuite à l’âge de 10 ans, au cours du mariage d’une de mes sœurs. Dès lors l’alcool était synonyme de fête, même si je me retrouvais souvent malade à la fin des banquets et des sorties de foot. Il me fallait boire pour être un homme et appartenir au club des grands.
Mon alcoolisation n’est devenue quotidienne qu’après avoir redoublé ma classe de seconde, lorsque j’ai réintégré le lycée de ma petite ville en demi-pension. J’ai commencé à y boire mon litre de bière tous les midis. Le soir, pour tuer l’ennui et par désœuvrement devant la télé, j’en buvais très souvent un ou deux litres encore, sans que mon père ne me fasse trop de réflexions.

La gomme pour effacer l’ardoise à problème

J’ai ajouté le vin au repas du soir et le Pastis avec les copains de mon père lorsque nous tapions la belote, plusieurs fois par semaine. Le samedi était consacré aux bistrots et aux « boums », aussi me suis-je abonné à la cuite du samedi soir. C’était comme une sorte de soupape de sécurité, une gomme pour effacer l’ardoise à problème.
A la fac la fuite vers l’alcool s’est faite plus pressante encore, je fréquentais plus les cafés que les salles de cours. J’ai commencé en fac d’histoire : histoire de voir, puis histoire de boire, et enfin histoire de déboires. Tout cela s’est soldé par un accident, une tentative de suicide et l’abandon d’études que je n’avais jamais réellement commencé.
Sans travail j’ai résilié mon report d’incorporation, mais l’armée n’était certainement pas l’idéal pour relever la tête, alors j’ai plongé plus profondément encore.
Ensuite j’ai bossé en usine pendant un an, vaille que vaille, en restant chez mon père, mais il était grand temps que je quitte le nid. Aussi ai-je passé et réussi un concours de préposé aux P.T.T.
Nommé à Lyon, à 600 kilomètres de chez moi cet éloignement n’a pas arrangé les choses car les problèmes et les difficultés avaient suivi dans mes valises. L’alcool était devenu mon compagnon de route en tout lieu et en toute circonstance.

Un semblant d’amélioration et la rechute

Après mon mariage en 83 et la naissance de mon fils ainé, j’ai commencé à avoir une vie un peu plus équilibrée. Mais malgré mes efforts et ma meilleure volonté, je ne pouvais me débarrasser totalement de l’alcool. Je me sentais persécuté par ma femme et l’assistante sociale du boulot. De guerre lasse et afin de leur faire plaisir, six mois après la naissance de mon second fils, j’ai accepté de faire une cure en décembre 86.
Hélas, cette cure arrivait sans doute un peu trop tôt, car si j’étais convaincu de ma dépendance psychologique je refusais d’admettre une quelconque dépendance physique. Je ne suis resté sobre que durant 6 mois à peine.
Un semblant d’amélioration puis j’ai vécu la rechute : les sentiments de culpabilité et d’échec me rongeaient tant que je jouais constamment une partie de poker menteur tant avec moi-même qu’avec mon entourage.

L’alcool était devenu une drogue, un carburant indispensable et les bistrots de vulgaires stations-service

Boire ainsi, ce n’est plus du plaisir mais une véritable corvée. Petit à petit au cours de cette quête d’alcool, j’ai perdu mes amis au profit de vagues connaissances de bistrot. La solitude et la honte dont je souffrais, ma femme a été forcée de les partager, vivant en recluse, refusant toutes les invitations de peur que je ne vienne gâcher la soirée. Mes enfants aussi en ont souffert. Je ne m’intéressais plus à leur scolarité ni au reste d’ailleurs. J’avais totalement démissionné et je commençais à vivre dans un monde parallèle, j’étais prêt à rejoindre la tribu des fantômes et des morts vivants. Plus rien n’avait d’importance mise à part la quête de carburant alcool.
Heureusement, j’ai fini par me sortir de ce cauchemar grâce à un couple d’amis d’un Mouvement d’Anciens Buveurs qui a su me réveiller lentement avec beaucoup de patience et de douceur.
La récolte est survenue quelques mois plus tard, en avril 92, date à laquelle je me suis soigné avec succès. J’en tire aujourd’hui tous les bénéfices.

Les M.A.B ou l’échappée belle !

Sans fausse modestie, j’ai une attitude irréprochable au travail et mon absentéisme y est motivé par des activités syndicales. J’y ai retrouvé la confiance et l’estime de mes collègues et de mes supérieurs. A la maison je participe pleinement à l’éducation des enfants et aux tâches ménagères. Ma femme et mes fils ont retrouvé leur joie de vivre après cette renaissance.
Aujourd’hui, les journées sont trop courtes, mon agenda et mon carnet d’adresse trop remplis. Je vis enfin, j’explose sans doute pour rattraper le temps perdu avec une vie associative riche et variée.

Aujourd’hui je n’éprouve plus aucune honte

J’ai vécu vingt ans avec l’alcool avant d’en divorcer et de refaire ma vie. J’ai accepté cet état de fait et je l’assume très bien. Je n’ai pas honte d’avoir été malade alcoolique. Maintenant, j’espère seulement pouvoir communiquer à d’autres mon expérience, mon vécu pour qu’ils prennent garde à cet ennemi invisible et sournois. Aujourd’hui, je suis fier de dire : « Moi, ma drogue, c’est les autres. C’est la vie et une vie libre ! »

Témoignage rédigé par Yves MOUCHET en décembre 1995.
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