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Malau - parcours d'une mère alcoolique

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Malau - parcours d'une mère alcoolique Empty Malau - parcours d'une mère alcoolique

Message  Malau 18/6/2010, 21:18

Posté en 2008

J’entends souvent que lorsque nous avons des enfants, il est
difficile de partir en cure, de se soigner, j’entends également qu’en ayant des
enfants, bizarre de tomber dans l’alcool ou bien qu’avec des enfants, c’est
plus facile de s’en sortir. Je vous fais part de mon vécu pour pouvoir partir
en cure.

J’ai cinq enfants, 2 grands qui avaient 18 et 14 ans et 3 petits qui avaient 8, 7 et 5 ans ½ quand je suis partie en cure. Je vis seule avec eux. Le papa prend les enfants un week-end sur deux. A l’époque il ne prenait pas les enfants pendant les vacances ou bien très peu.

J’ai donc fait le choix de partir en cure pendant 35 jours, et là je me suis heurtée à un mur pour assurer le quotidien de mes enfants. La logique voulait que ce soit le papa qui s’en occupe, mais voilà, il ne voulait pas. C’était une bonne excuse à prendre, « je ne peux pas partir en cure, que ferais-je de mes enfants » ??? !!!!

J’ai alors contacté une assistante sociale. J’avais très peur de faire cela, je pensais qu’on allait m’enlever les enfants, mais je ne voulais plus d’alcool dans ma vie, il me fallait faire un choix alors j’ai décidé de faire ce pas. Je l’ai rencontrée, ma situation, elle la connaissait déjà un peu, je lui ai parlé de ma décision de me faire soigner, et des difficultés que je rencontrais. L’entretien a duré plus de 2h parce qu’il me fallait
trouver une solution et je peux dire qu’elle a tout fait pour m’aider, pas pour
m’enfoncer.

D’un côté, elle m’a expliqué qu’elle pouvait trouver une nourrice agréée pour mes trois petits, nounou qui les prendrait en charge jour et nuit avec la possibilité que mes grands viennent voir les petits. Ca m’a fichu un coup terrible, j’allais devoir faire garder mes enfants, c’était une véritable torture et angoisse, pourtant je savais que cette personne travaillait avec surveillance des services sociaux, j’aurais du être rassurée, et non, la culpabilité me revenait en pleine tête.

De l’autre côté, elle a écrit au papa afin de le convoquer pour lui faire prendre conscience que c’était son rôle et devoir de s’occuper des enfants pendant mes soins. Il faisait tout pour que je ne parte pas me soigner (il ne savait pas pourquoi, mais devait s’en douter).

J’ai pris ma décision et tout mis en route en septembre 2005 et j’ai su que le père s’occuperait des enfants fin octobre seulement, tout ce temps, je suis restée dans l’angoisse, dans la peur, la culpabilité. Tous les soirs je buvais, tous les soirs je remettais tout en question, je ne partais plus, je faisais en permanence machine-arrière.

J’avais peu de revenus, la nounou me serait revenue 35 euros, soit 1 euro par jour et nuit de garde. Mais je préférais que les enfants soient avec leur père. Une fois qu’il a été mis devant le fait par l’assistante sociale, il a accepté et a donc gardé les 3 petits, les 2 grands préférant rester à la maison. J’ai du tout payer ensuite, mais les enfants étaient avec un de leur 2 parents et ça me rassurait.

J’ai réussi tant bien que mal à tout organiser mais jusqu’au 2 novembre où je suis entrée en cure, j’ai été dans la peur et l’angoisse.
L’impression d’abandonner mes enfants, jamais je ne les avais laissés en dehors
des week-end avec leur père. La culpabilité était au sommet quand je suis
entrée en cure. Toutes les bonnes raisons pour lâcher.

Heureusement pour moi, j’avais des personnes sorties de l’alcool qui m’appuyaient et m’aidaient, combien de fois ont-ils, ont-elles dû sécher mes larmes, combien de fois je les ai appelées parce que j’allais laisser tomber. Et à tout moment, cette petite bande d’alcoolos m’a soutenue.

J’ai été aidée par des personnes du forum et j’ai également été aidée par les services sociaux. Par la Directrice de l’école des enfants que j’avais mise au courant.

On dit souvent que les enfants sont enlevés aux parents qui boivent et ça se vérifie, les juges ne font pas de cadeau sur ce sujet, ce qui se comprend. Dans mon cas, ayant pris mon courage à deux mains, j’ai demandé de l’aide, ce n’est pas si facile que ça de demander, l’orgueil, la fierté en prennent un coup, sans parler de la peur de ce qui pouvait arriver, qu’on m’enlève la garde de mes enfants.

J’ai été entendue et aidée, ce qui veut dire que c’est possible. Au jour d’aujourd’hui, je n’ai pas eu à regretter les démarches que j’ai effectuées auprès de ces services. Quand je les vois, jamais on ne me montre du doigt, et je ne me suis pas sentie jugée.

Par contre, je peux dire que j’ai été jugée par des malades alcooliques et oui ! et aussi après l’arrêt d’alcool. Par des personnes qui pensaient : ben t’as des enfants, tu dois pas boire ! ah bon c’est si facile que ça d’arrêter, alors pourquoi t’arrêtes pas tout seul ?

C’est facile de sortir de l’alcool, tu n’es pas seule, tu as tes enfants ? ah bon parce que le fait d’avoir des enfants m’a empêché de boire ????

Tout cela, ce sont des préjugés, on croit toujours que c’est plus facile en face de l’autre côté, peut être pour se déculpabiliser aussi. Tous ces mots, c’est pour ne pas se regarder, pour ne pas se voir soi-même. J’ai pris comme règle aujourd’hui, de ne plus répondre à ce style d’attaque, d’ailleurs me sentant plus « forte » aujourd’hui, on m’attaque beaucoup moins même pas du tout, mais à une période, ça m’a mise très très mal !

On touchait la culpabilité de la mère, de la maman qui picole, qui est moche, qui fait du mal à ses enfants. Un sujet difficile à aborder pour une mère, un sujet qui touche à tous les coups !

Combien de fois m’en suis-je voulue de prendre ce satané verre, je ne me cachais pas c’est quelque chose que j’ai toujours refusé de faire, et pourtant à une époque, je me rappelle que dans des soirées à la maison, j’allais dans la cuisine et hop un p’tit coup au goulot. Pour moi c’était insupportable de cacher alors j’ai vécu avec l’alcool dans la maison aux yeux de tous, y compris de mes enfants.

Il n’y a pas eu un soir où je ne m’en suis pas voulue à mort de boire, mes enfants me voyaient faire, même si je n’étais pas violente, je leur ai appris quelque part à accepter qu’une personne boive le soir et beaucoup. Donc culpabilité, donc boire pour ne plus avoir cette culpabilité, on est dans un cercle infernal.

Et puis, j’ai cherché, dans ma mémoire, au plus profond de moi, ais-je bu quand j’étais enceinte. Ben non jamais !!!!!! et petit à petit en sortant de l’alcool, je me suis rappelée, oui j’ai bu de l’alcool dans certaines soirées, pas comme quand je buvais à la fin, mais ça m’est arrivé une fois pour chaque grossesse des trois petits. Chez ma sœur pour la n°3, on me servait, je buvais, pas de grosses quantités, peut être 4/5 verres, mais c’était déjà trop et surtout c’était des mélanges, et j’ai vomi mes tripes.
Pour la n°4, le débordement ça a été à mon mariage. Un apéro, 2/3 verres de vin
peut être plus et du champagne bien sur ! Pour le n°5, ça a été en début de grossesse, je savais pas encore que j’étais enceinte et j’ai bu. Depuis que ma mémoire est revenue sur ces faits, il ne s’est pas passé un jour où je n’ai culpabilisé, et encore j’ai eu de la chance parce que mes enfants n’ont rien eu à la naissance ni à l’état de fœtus, je précise que ça ne m’est arrivé une seule fois pour chaque grossesse. Peut être que le fait d’avoir trop bu un soir m’a fait prendre conscience que je faisais du mal au bébé à venir, je ne pourrais pas vous le dire.

Je les ai tous allaités mais si je devais consommer un soir de bringue et ben je donnais le biberon.

Quand je consommais, j’étais plutôt douce et même laxiste, je laissais tout passer, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir mes grands qui étaient honnêtes, corrects, ils auraient pu profiter de mon état pour sortir sans que je le vois, pour faire venir des copains-copines, pour abuser de mon état, ils ne l’ont jamais fait.

Mais voilà, quand on est mère, on a pas le droit de boire, pas le droit au regard de la société bien pensante. Comment ????? une mère qui boit n’est pas une mère et les index fusent dans notre direction, c’est elle !!!!!!!! quand on prend des médicaments parce que l’on fait une dépression, et bien ça ne se voit pas, alors pas de jugement. Mais boire, c’est les hommes qui boivent et quand ils boivent, ça fait sourire la plupart du temps. Quand c’est une femme qui boit, mère ou pas, et ben c’est plutôt une moue de dégoût que l’on peut lire sur les visages.

Et dans les soirées, Malau qui buvait c’était une Malau qui faisait rire tout le monde, qui abordait tous les sujets de conversation, c’était une Malau qui mettait de l’ambiance et petit à petit, Malau elle buvait trop, Malau elle déraillait, alors Malau s’en est rendue compte et elle a fait le choix de ne plus boire en société mais de boire chez elle pour emmerder personne, pour ne pas entendre qu’elle buvait trop. Elle ne savait pas qu’elle tombait en plein dans la ligne de conduite des malades alcooliques femmes, se cacher de la société pour boire tranquillement sans emmerder personne et surtout sans être dérangée.

J’ai su depuis 2 ans, que ma grande avait eu beaucoup peur, qu’il ne se passait pas un jour où elle allait à l’école sans penser que je n’allais pas me réveiller pour m’occuper des petits, elle avait peur de la soirée qu’elle allait passer à me voir boire. Cela a été accentué par l’entourage que j’avais à l’époque, et dans le négatif plutôt. Elle m’a vue partir la nuit seule, ne sachant pas ce qu’il allait m’arriver, la peur au ventre de me perdre. Elle m’a vue m’endormir de partout chez moi dans des tenues et des positions pas très belles.

Comment voulez-vous qu’une mère ne porte pas cette culpabilité pendant longtemps, je crois que je l’aurais toute ma vie et pourtant …………..

Pourtant on peut faire du mal sans pour autant être malade alcoolique, mais parce que l’on boit le regard accusateur est bien plus lourd, pourquoi ?

Là, je parle de la femme, mais l'image de la mère alcoolique est encore bien pire, la mère c'est la sagesse, la raison, celle qui doit protéger, qui doit aimer,
qui doit tout à ses enfants et qui trop souvent n'existe plus du tout, sauf
dans l'alcool.


Et quelle claque elle prend la mère dans le contexte de l’alcool !!!!!! c’est monumental, la plupart du temps, la mère a du mal à en parler, il ne faut pas oublier que l’alcoolisme est la maladie des émotions et de la communication, alors en temps normal communiquer est difficile, cela s’apprend, mais avec ses propres enfants, c’est encore plus dur.

J’ai fais le choix de parler de la maladie à mes enfants, de dire, de raconter mon histoire. Faut dire qu’ils avaient entendu des bribes de phrases, de mots, de maux, alors autant qu’ils sachent. C’est un choix très difficile à faire car on sait que forcément, il va y avoir des questionnements, qu’il va falloir revenir sur son parcours et expliquer. Donc revenir sur le douloureux, ce qui peut « déclencher » !

Et là, sujet tabou, inavouable, les enfants « déclenchent » aussi, les enfants et leur comportement peuvent ramener à l’alcool. Les crises, les larmes, les rires, la joie, la peine, les moments de creux, de vide et aussi le rush à la sortie de l’école, devoir
assumer les activités, les devoirs, la fatigue de chacun, donner le bain, faire
le repas, coucher les enfants. L’affect est omniprésent dans cette vie là. Et où
est l’espace de la femme dans la mère ?

Toute la vie tourne autour des enfants pour une mère, enfin la plupart du temps et il faut réussir à trouver son espace à soi, ce n’est vraiment pas évident car pour cela, il faut aussi accepter de lâcher son rôle maternel, ce rôle pour lequel nous sommes nées il y a des siècles de cela, ce rôle dans lequel il ne faut pas faillir, comme tu le décris si bien Shale, celle qui doit aimer, protéger, être « sage », être « raisonnée ». En buvant, la mère perd toute crédibilité dans son rôle auprès de ses enfants, au regard des autres, c’est la « mauvaise mère » auprès d’elle-même surtout car on ne revient pas sur des siècles d’éducation en tournant simplement une page.

Et c’est là qu’intervient tout le « travail » que l’on peut faire sur soi, parce qu’en allant au Calme, non seulement j’ai travaillé sur mon passé, mon présent, mon demain, mais en même temps, j’ai compris avec le temps, que les liens que j’avais fait avec l’éducation que j’avais reçue, et bien je pouvais également l’apprendre à mes enfants. Oh ce n’est pas gagné, rien n’est jamais gagné, mais quand on se rend compte que l’on peut transformer complètement son regard, ça veut dire que le regard des autres peut changer, ça veut dire aussi que si l’on change dans notre comportement, les autres dans leur relation à nous peuvent changer. Et c’est tout bénéfice ça ! et le droit au bonheur est au bout de la route.
Malau
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Super Tchatcheur
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Féminin 01/01/2009

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