lutte contre l’alcool
































Qui est en ligne ?
Il y a en tout 76 utilisateurs en ligne :: 5 Enregistrés, 0 Invisible et 71 Invités :: 2 Moteurs de recherche

Antoinette Colart, Eloïse 11, rur@lcoolique, SHALE, tulipe noire

Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 265 le Lun 11 Juin - 17:08
-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

Lettre à l'entourage des patients du Centre d'Alcoologie de Létra dans le Rhône

Aller en bas

Lettre à l'entourage des patients du Centre d'Alcoologie de Létra dans le Rhône Empty Lettre à l'entourage des patients du Centre d'Alcoologie de Létra dans le Rhône

Message  Malau Lun 5 Jan - 13:39

LETTRE A L’ENTOURAGE DE NOS PATIENTS

L’un de vos proches est actuellement hospitalisé dans notre
centre pour se soigner et tenter de régler ses « problèmes » avec
l’alcool.

Qu’il soit venu de lui-même, soit après avoir pris conscience des conséquences de son alcoolisation, soit après une « crise » plus grave que les autres, un incident, ou qu’il soit venu poussé par la famille, le médecin, l’employeur, la justice…. Cette période
est l’occasion d’entreprendre une authentique démarche de soins. Mais aussi l’occasion de s’engager dans un travail de réflexion sur soi et de changement de comportement.

C’est ce que nous allons favoriser ici, par un programme
thérapeutique centré sur la prise de conscience de toutes les dimensions de la maladie alcoolique.

En ce qui vous concerne, vous vous retrouvez souvent seul et
démuni. Vous êtes confronté à de nombreuses questions sans réponses sur ce qui est arrivé et bien sûr à propos de l’avenir. Vous avez des peurs et des espoirs, des doutes, des sentiments de découragement ou de culpabilité, de la rancune, du ressentiment…. Vous avez le besoin de comprendre mais aussi d’être compris, d’être entendu et aidé……

Vous êtes presque toujours tout aussi épuisé et déprimé que
le malade peut l’être.

Grâce à ce document, nous souhaitons vous aider à prendre un
peu de recul et à trouver déjà quelques éléments de compréhension et de réponse.

CE QU’IL FAUT SAVOIR


L’ALCOOLISME EST UNE MALADIE

Il s’agit d’une maladie, et non d’un vice, d’une mauvaise
habitude, d’une faiblesse, d’un manque de volonté ou de caractère.

Une étape importante sera franchie lorsque chacun aura pu
acception cette notion.

Cela permettra de comprendre et d’expliquer ce qui s’est
passé avec un autre regard mais aussi de penser « traitement » de la maladie.

Etre malade alcoolique, ce n’est pas « forcément »
boire tous les jours ou être ivre, ou encore boire des boissons fortes.

Ce n’est pas la quantité d’alcool bue qui fait la maladie
alcoolique. C’est la nature de la relation que développe et entretient le malade avec le produit « alcool ».

Cela se concrétise par la perte de liberté et de contrôle de
sa consommation.

S’installe alors l’alcoolo-dépendance.

IL CO-EXISTE TROIS NIVEAUX DE DEPENDANCE


LA DEPENDANCE PSYCHOLOGIQUE

Le malade utilise l’alcool comme un médicament pour soulager
des tensions psychiques (dépression, angoisse….) ou pour faciliter des relations (timidité, peur des autres, manque d’assurance ou de confiance en soi….).

La conséquence en est la mise en place d’un conditionnement
(« avec un verre, je me sentirai mieux »), ne permettant plus la
maîtrise des situations, difficiles ou non, de la vie.

L’effet du produit « alcool » se substitue aux ressources naturelles de la personne, lui permettant d’éviter la souffrance, le mal-être psychologique, la frustration…..

Avec progressivement une nécessité d’augmenter les doses
pour gérer la confrontation de plus en plus difficile à la réalité.

LA DEPENDANCE PHYSIQUE

C’est l’installation à l’insu du malade d’une dépendance du
corps, dépendance dure et de nature toxicomaniaque.

Elle met en jeu des transformations physiologiques
(production de substances morphiniques) et fait ainsi du malade alcoolique un authentique toxicomane à des dérivés morphiniques, toxicomane qui s’ignore, piégé par le besoin physiologique de répéter les prises d’alcool pour échapper aux symptômes du manque d’alcool.

Les symptômes du manques se retrouvent dans l’apparition des
signes suivants : tremblements, transpiration, vomissements, nausées, angoisse, oppressions thoraciques, nervosité, irritabilité, démangeaisons, malaises, obsessions mentales d’alcool, lutte interne pour ne pas boire ou moins boire, dépression…..

Un sujet en manque n’a plus qu’une seule activité possible : chercher à combler ce manque, c’est-à-dire se remplir à nouveau
d’alcool. Plus rien d’autre ne compte pour lui.

A ce stade, le sujet est dans l’obligation de boire et sa
volonté n’est plus suffisante pour sortir de cette dépendance.

Il fonctionne avec l’alcool comme une voiture avec de l’essence.

L’abstinence totale et définitive de boissons alcoolisées, mais aussi de contacts avec l’alcool sous toutes ses formes (produits de
beauté, plats cuisinés…..) est la seule solution pour sortir de la compulsion et éviter une rechute.

Cela nécessite à la fois un sevrage physique mais aussi un
accompagnement psychologique.

LA DEPENDANCE SOCIALE

Cette dépendance apparaît au début de la maladie (boire
comme tout le monde, ou par pression sociale) et, enfin, quand le malade est de plus en plus désinséré socialement, professionnellement, familialement et de moins en moins autonome, mais dépendant des autres ou des institutions.

EVOLUTION DE LA MALADIE

8 à 10 % de la population française est malade alcoolique et
de ce fait va développer, du fait de sa dépendance, des troubles du
comportement caractéristiques de cette maladie.

Ceux-ci disparaîtront avec l’abstinence car ce ne sont pas
des traits de caractère comme on le croit trop souvent.

Nous pouvons en citer quelques uns que vous reconnaîtrez
sans doute pour y avoir été souvent confrontés.

Au stade de la dépendance, seule la prise d’alcool permet de
ne pas souffrir et d’échapper au manque. C’est pourquoi, pour le malade, la logique et la normalité c’est de boire.

C’est autour de cette activité qu’il va resserrer toute sa vie. Il a perdu la liberté de choisir.

L’alcoolisation va être présentée comme normale puisque
nécessaire et c’est ce message qu’il va essayer de faire passer aux autres en les entraînant dans son interprétation de la réalité, (minimisation des quantités bues, banalisation de la consommation d’alcool …).

L’alcoolique ignore qu’il est malade de l’alcool.

Se reconnaître alcoolique, c’est s’affubler d’une étiquette
tellement disqualifiante, peut être encore plus lorsque l’on est une femme, qu’il veut croire le plus longtemps possible et vous convaincre que « je m’arrête quand je veux », « je n’ai pas bu », « c’est la dernière fois », « demain je m’arrête », « je ne bois pas
tant que ça » …..

LE DENI

C’est le fait, contre toute évidence, de nier tout problème
et de ne pas pouvoir accepter la réalité.

C’est un mécanisme de défense inconscient contre la
dépression, consistant à ne pas voir ce qui est insupportable et trop
angoissant.

Le malade va même souvent essayer d’arrêter ou de diminuer
sa consommation pour se prouver et vous prouver que c’est possible, pour se rassurer, ou vous rassurer, tout cela pour mieux recommencer, piégé par la peur du manque qui s’installe en lui.

Ceci provoque aussi chez vous des phases d’espoir, suivies
de déceptions, de désillusions et de découragement qui alimentent en vous l’agressivité, le ressentiment, la méfiance, l’intolérance et
l’incompréhension.

Pour le malade alcoolique, la culpabilité et le sentiment
d’échec que cela entraîne, vont progressivement induire des sentiments dépressifs tels que : « je ne vaux rien », « je suis
nul » et renforcer l’alcoolisation, le déni mais aussi le repli sur soi,
la persécution et l’agressivité.

Le déni permet pendant un temps de faire face à cette double
contradiction entre le besoin incontournable de boire et le besoin de préserver les choses importantes : l’estime de soi, les relations affectives, son travail.

La communication est alors devenue impossible et peu à peu
ses besoins essentiels ne pourront plus être satisfaits : s’aimer, aimer et être aimé, être en lien, sécurité…..

Les pertes affectives et matérielles (famille, amis,
travail, argent, problèmes judiciaires ou de santé …..) vont s’accumuler et l’on assiste à l’écroulement du sujet, à la dépression qui se conclut souvent par des comportements suicidaires.

La prise de conscience de l’impasse dans laquelle le malade
se trouve sera longue.

Pendant longtemps, il ne peut s’accepter avec cette
étiquette d’alcoolique, les sentiments de honte et de culpabilité sont trop forts.

D’autre part, il lui paraît impossible, du fait de sa dépendance, d’imaginer sa vie sans alcool.

ET VOUS DANS TOUT CELA ?

Vous ne pouvez assister impuissant à cette dégradation et
vous allez donc essayer par votre comportement de l’empêcher de boire, en cherchant des solutions à sa place, en exerçant des pressions, des chantages, une surveillance………

Cette attitude infantilisante va être perçue par le malade
comme une promesse de souffrance (puisqu’il risque d’être en manque), ce qui, pendant un temps, va surtout avoir pour effet d’accélérer le processus d’alcoolisation et d’augmenter les troubles de la relation et l’incompréhension mutuelle.

La culpabilisation, l’infantilisation, la culpabilité sont des manifestions courantes dans la relation.

Vous allez ainsi progressivement centrer toutes vos
préoccupations sur la bouteille en essayant de limiter les conséquences des alcoolisations : en cherchant les bouteilles, les cachant, vérifiant, prenant les clefs de la voiture, coupant les vivres……

Malheureusement, au stade de la dépendance, le malade
alcoolique choisira toujours la bouteille.

La co-dépendance s’installe entre vous et lui, chacun
essayant de s’adapter aux changements provoqués par la maladie, ce qui permet la continuation de la conduite mais aussi la fragilisation de la relation au profit d’une communication centrée sur l’alcool.

Il est vrai que vivre avec un alcoolique est insupportable, non seulement il détruit son entourage mais il impose le spectacle de sa propre destruction. En outre, vous pouvez en arriver à penser que vous êtes plus ou moins responsable de sa maladie, ne l’ayant pas assez aimé ou aidé. Vous en arrivez même à éprouver les mêmes sentiments d’échec, d’autodépréciation, de culpabilité et de honte que le malade.

Vous avez besoin d’aide, parce que l’alcoolisme d’un membre rend toute la famille souffrante.

Vous en venez à exister par personne interposée :
l’alcoolique conduit le groupe familial à vivre à son rythme
pathologique ; on ne pense plus qu’à lui, on agit en fonction de lui,
(comment va-t-il rentrer, comment vais-je la trouver,……).

Les rôles se renversent, les enfants deviennent les parents de leur parent, les épouses, les mères de leur mari.

Et c’est précisément ce qui risque de poser problème au moment où la démarche d’abstinence commence, chacun devant, en quelque sorte, réapprendre à vivre sans alcool.
Malau
Malau
Super Tchatcheur
Super Tchatcheur

Féminin 01/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Lettre à l'entourage des patients du Centre d'Alcoologie de Létra dans le Rhône Empty Re: Lettre à l'entourage des patients du Centre d'Alcoologie de Létra dans le Rhône

Message  Malau Lun 5 Jan - 13:40

LA DEMARCHE DE SOINS


Lorsque le malade arrive enfin dans un lieu de soins, la
motivation familiale est en apparence claire : que l’on guérisse
l’alcoolique
de l’alcool une bonne fois pour toutes comme pour une jambe cassée.
(Schéma maladie-consultation-traitement-guérison).

Il est pourtant essentiel de se préparer à la complexité du
problème.

Pour vous, comme pour lui, l’acquisition d’un nouvel équilibre nécessite un changement total et l’abandon d’idées reçues et de
sentiments
qui constituent un blocage dans sa vie et dans la vôtre. Rester
prisonniers de ces anciens modes relationnels serait une façon de ne
pas s’en sortir.

Cela implique pour chacun de se dégager du poids du souvenir
en
acceptant l’idée d’un changement possible et en travaillant sur la
reprise de nouvelles relations qui passeront presque toujours par le
fait de reparler de ce que chacun a vécu, de « liquider les ardoises ».

La première étape étant pour le malade de reconnaître son
impuissance face à l’alcool et pour vous de reconnaître votre impuissance à décider et à faire quoi que ce soit à sa place.

Mais
qu’il est difficile de renoncer à « sauver » la personne que l’on aime
ou que l’on a aimé, d’accepter que c’est à lui et à lui seul de suivre
son chemin, dût-il passer par l’enfer.

L’ABSTINENCE EST DIFFICILE


Lorsqu’un malade alcoolique entame une démarche de soins,
nous allons commencer par lui proposer un sevrage physique.

Le sevrage du corps est rapide, par contre le sevrage
psychologique est beaucoup plus long (au moins 3 ans).

L’abstinence est la condition nécessaire à la rémission
définitive de la maladie.

Lorsqu’un individu a développé une dépendance au produit
alcool, il
y a une mémoire cellulaire qui fait que quelque soit le temps
d’abstinence, s’il y a réintroduction d’alcool sous quelque forme que
ce soit dans l’organisme, ce dernier va de nouveau être transformé en
produit morphinique entraînant rapidement une réalcoolisation.

Donc, sur le plan pratique, il ne faut plus introduire de produits
alcoolisés dans l’organisme, et apprendre à vivre sans alcool, alors
que l’alcool occupait toute la place.

Cet apprentissage commence dans l’institution et se continue
à l’extérieur.

Le malade doit apprendre à ne pas boire dans une société qui
continue de s’alcooliser et qui incite à l’alcoolisation.

Il doit également trouver d’autres solutions au mal-être, à
l’angoisse,
à la dépression et à la frustration que le recours aux verres lui avait
permis jusqu’alors de faire face. Tous les problèmes qui ont été éludés
du temps de l’alcoolisation rejaillissent et après parfois une phase
d’euphorie, le retour à la réalité est difficile.

Les
difficultés de l’abstinence vont aller en s’atténuant, mais le temps
nécessaire à la stabilisation varie d’un individu à l’autre.

Il va falloir d’abord faire le deuil de l’alcool.

Le manque d’alcool peut se faire sentir pendant plusieurs
mois, voire plusieurs années. C’est la période « sans alcool » (qui
précèdera la période « hors alcool ») phase où le malade est fragile
et où il va aller à la rencontre de lui-même et des autres.

Cette période nécessite d’être accompagné sur le plan
psychologique,
par des soignants mais aussi par des groupes d’anciens buveurs qui eux,
ont l’avantage de connaître cette maladie et sur l’expérience desquels
le malade pourra s’appuyer. L’action thérapeutique commence avec le
séjour et devra se poursuivre sur une longue période pour être suivie
d’effets durables.

POUR LE MALADE


La phase sans alcool est celle de la confrontation aux manques et à
soi-même, dominée par la nostalgie du produit dans les moments de
convivialité, nostalgie du plaisir mais aussi du « médicament-alcool ».

Il y aura des « flashs d’alcool » qui s’éteindront progressivement si
le malade réussit à ne pas se réalcooliser et trouve des solutions pour
gérer cette période difficile.

Il peut avoir aussi des rêves
d’alcool, des périodes de tensions, de nervosité, d’agressivité, de
perte de désir, de trouble de l’humeur, d’angoisse, de dépression,
d’excitation….. signes divers et variés du manque psychologique.
Pendant cette phase, certains aménagements sont possibles.

Le malade peut avoir recours par exemple aux compensations,
comblant
le manque d’alcool en se « remplissant » avec autre chose (cigarettes,
café, nourriture, travail, sport….) ce qui permet une régulation des
tensions en évitant les frustrations, tout en attendant que le nouvel
abstinent retrouve un équilibre.

Ce sont des dépendances positives nécessaires pendant un
temps.

D’autres expressions du manque inconscient sont les
somatisations :
symptômes désagréables au niveau du corps, transformations de tensions
psychiques en dysfonctionnements corporels (problèmes digestifs,
douleurs, fatigue, migraines, psoriasis, hypertension…..).

Il est essentiel alors de ne pas trop médicaliser le malade mais de l’aider à comprendre ce qui se passe en lui.

Un
des risques majeurs pendant cette phase est la réalcoolisation, si les
tensions psychiques sont trop fortes, si le besoin d’alcool est trop
fort et les défenses du sujet pas encore suffisamment solides.

Si
cela se produit, ce n’est ni un échec, ni une catastrophe mais il est
important qu’il puisse en parler rapidement et se faire à nouveau aider
pour remettre en place une abstinence.

Il est essentiel de ne
pas nier la réalcoolisation, de ne pas la minimiser mais de ne pas non
plus la dramatiser. Pour cela, il faut
déculpabiliser, trouver des
solutions et ensuite comprendre le sens de ce qui est arrivé. La
réalcoolisation n’est pas une fin mais souvent qu’une étape dans la
progression logique vers l’abstinence définitive.

Acceptez qu’il
se sente trop honteux, ou trop coupable de vous avoir déçu,
appréhendant vos réactions, pour pouvoir vous en parler tout de suite.
Il préfèrera souvent se tourner vers un tiers, un ancien malade ou un
soignant. Vous-même, confiez vos inquiétudes ou vos questions à un
tiers, professionnel ou groupe de familiers, plutôt que de rajouter
votre angoisse à celle du malade.

Pendant cette phase sans alcool, le malade apprend des
choses sur
lui-même et grandit dans sa tête souvent plus qu’il ne l’avait jamais
fait avant pour entrer dans la phase hors alcool où le produit n’est
plus au centre de ses préoccupations. Beaucoup parlent de cette période
comme d’une renaissance.

POUR L’ENTOURAGE


Pendant cette période sans alcool, vous serez confronté vous
aussi
à des angoisses, des peurs, des doutes, de l’agressivité. Vous allez
découvrir une personne différente et cela peut aussi vous poser
quelques problèmes. Le fait de ne plus pouvoir expliquer les
difficultés relationnelles, les conflits par l’alcool va vous amener à
vous poser des questions sur vous.

L’alcoolisation n’étant plus au premier plan, chacun est obligé de s’occuper de soi.

A la sortie de l’institution, le malade retrouve un
entourage qui a souffert.

Il y a des ardoises, des angoisses dont il va falloir parler sans
agressivité afin d’en atténuer la charge émotionnelle dont elles sont
chargées
et qui peut exploser à tout instant sous forme de reproches,
d’agressivité, de comportements de surveillance, de vérification
anxieuse car vous restez inquiet pendant des mois à propos d’une
possible réalcoolisation.

Ces comportements rappellent le passé et sont insupportables
pour la personne abstinente.

Les retrouvailles, le retour à la vie commune sont loin du
tableau
idyllique que l’on avait imaginé et ne se font pas en un jour ni sans
heurts. « comment va-t’il être ? » « je ne le reconnais
plus » « que dois-je faire ? » « combien de temps cela va-t-il durer ? » « que lui dire ? » …..

Pour celui qui revient, comme pour vous qui l’attendez, c’est une période très délicate et chacun appréhende ce moment.

Vous avez été séparés par l’alcool et le chemin est long et
parsemé d’embûches.

On ne se reconnaît pas, partagé entre l’espoir d’un retour à
la vie et la crainte de l’avenir et vous pouvez hésiter entre plusieurs
attitudes.

Si
vous vous dîtes : « on oublie tout, tout est réglé », c’est nier la
réalité des « ardoises psychologiques », des rancunes, et des
ressentiments mutuels : on ne peut pas faire comme si rien ne s’était
passé et accueillir l’autre en oubliant tout des souffrances.
Là encore, votre capacité à dialoguer et à vous remettre en question vont faire la différence.

Il vous sera peut-être difficile aussi de lui redonner une
place
alors que pendant des années vous avez dû apprendre à faire sans lui, à
tout assumer. Il va falloir du temps mais il est nécessaire d’accepter
de partager les responsabilités sans pour autant se sentir dépossédé ou
inutile.

Et que dire de la frustration, de l’amertume, de la jalousie
devant
les autres, les enfants qui admirent le nouvel abstinent….. mais qui
supportent peut être mal le retour de son autorité… ;

Votre peur de la rechute peut aussi donner lieu à de nouveaux
comportement
« d’espionnite », de méfiance qui paralysent le malade quand ils ne
réveillent pas son agressivité et qui de toutes façons bloquent la
relation avec des attitudes qui appartiennent au passé. D’où
l’importance de parler de votre angoisse, de ne pas la « régler » sur
le dos de l’abstinent.

Il ne s’agit pas de lui donner un chèque en blanc, mais de
laisser la possibilité au changement et à la normalisation des relations.

VOICI LES SUGGESTIONS QUE NOUS VOUS FAISONS


Ne vous focalisez plus sur l’alcool, vous avez déjà observé par le
passé que cela se servait à rien si ce n’est à exacerber les tensions.

Abandonnez
les attitudes de méfiance et de surveillance, qui n’ont jamais empêché
un malade alcoolique de boire, redonnez-lui l’autonomie et la
possibilité de faire ses expériences.

Laissez-lui trouver ses solutions (y compris les personnes, thérapeutes ou groupes d’abstinents vers qui il pourra trouver aide
et soutien), acceptez que cela n’aille pas aussi vite que vous le voudriez, sans pression inquisitrice.

Vous-même, cherchez ce qui peut vous aider à vous sentir mieux.

Apprenez
vous aussi, à connaître et reconnaître la maladie alcoolique. Changer
son regard sur le passé est le meilleur moyen de vivre différemment le
présent, de surmonter la souffrance et les souvenirs douloureux, en les
comprenant comme les symptômes de la maladie, et en arrêtant de
chercher qui est le coupable et la victime.

Evitez de
considérer la réalcoolisation, si elle se produit, comme un échec.
Chaque période d’abstinence même courte est un progrès
dans la prise de conscience et l’apprentissage de la vie sans alcool.
Culpabiliser un malade alcoolique qui a repris de l’alcool, c’est nier toute la difficulté de l’abstinence.

Soyez
égoïste et acceptez qu’il le soit aussi. Chacun a besoin après une
période si tourmentée de se recentrer sur ses propres besoins,
de prendre soin de soi pour pouvoir se reconstruire.

Vous aussi, faites vous aider, vous vous sentirez sans doute angoissé, inquiet, déprimé ou culpabilisé de ne pas savoir vous y
prendre,
ne comprenant pas toujours ce qui vous arrive. Tout ceci est normal.
Mais ne vous laissez pas envahir par ces sentiments.

Sachez que vous pouvez trouver une écoute auprès de
professionnels ou de groupes d’anciens malades.

Vous allez enfin, vous aussi, retrouver une liberté perdue,
une identité hors de cet alcool qui a empoisonné tant de temps.

Bien des malades alcooliques et des familiers de malades
alcooliques
disent, après avoir traversé de façon souvent dramatique cette zone de
tempête, qu’ils ne regrettent pas cette période de leur vie…… car ils y
ont trouvé une liberté et une façon d’être qu’ils n’auraient jamais
connues sans cette maladie.

Michèle Munier – Psychologue au Centre Médical Spécialisé
« les Bruyères » à Létra.
Malau
Malau
Super Tchatcheur
Super Tchatcheur

Féminin 01/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum